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Simon Octeau, Directeur-adjoint Regroupement des Éco-quartiers, est titulaire d’un baccalauréat en Géographie environnementale et d’une maîtrise en Environnement et développement durable.

À propos du Regroupement des Éco-quartiers (REQ)

Le REQ est un réseau d’acteurs fortement enracinés dans l’ensemble du territoire montréalais. Les 20 éco-quartiers membres du REQ sont à la base de nombreux projets de développement durable, d’implication citoyenne et d’éducation relative à l’environnement. Investis dans des projets allant du compostage, à l’économie d’eau potable en passant par l’agriculture urbaine et la sensibilisation à l’agrile du frêne, les éco-quartiers desservent à l’année 90% de la population montréalaise répartie dans 15 des 19 arrondissements, soit plus de 1,5 millions de citoyens. Pour en savoir plus, consultez : www.eco-quartiers.org

 

Comment définiriez-vous ce qu’est une ruelle verte? 

Une ruelle verte, c’est une ruelle normale qui a été transformée par les citoyens avec l’aide de leur Éco-quartier et de leur arrondissement. Ces ruelles peuvent être transformées de différentes façons pour améliorer le milieu de vie des voisins. Par exemple, on parle souvent des ruelles qui deviennent très chaudes durant l’été, ce qu’on appelle des îlots de chaleur. En plantant des végétaux, en enlevant de l’asphalte et en  ajoutant des plantes, on vient améliorer la situation en créant des zones ombragées qui contribuent à faire diminuer sensiblement l’impression de chaleur dans la ruelle, dans la cour et même dans les appartements longeant les ruelles.

Comment démarre un projet de ruelle verte? Est-ce qu’un tel projet requiert l’assentiment unanime des voisins?

Non. Bien sûr, c’est un processus démocratique. Les gens vont commencer par se regrouper en comité de 5 à 10 personnes. C’est généralement ce noyau dur qui va animer la démarche. On tiendra des rencontres d’information et d’échange avec les autres voisins pour que tous disposent de la même information et qu’ils puissent s’exprimer. Le comité va aussi devoir effectuer un sondage dans la ruelle, le plus souvent fait par le porte-à-porte. C’est aussi ce comité qui va travailler avec l’éco-quartier pour développer le projet qui va ensuite être soumis à l’arrondissement. Les arrondissements ne demandent pas l’unanimité, mais plus il y a de citoyens intéressés, plus c’est favorable au projet.

Le litige qui revient le plus souvent, c’est la place de l’automobile dans la ruelle. Souvent, plusieurs voudraient fermer complètement l’accès à la ruelle pour l’automobile, alors que d’autres veulent conserver la possibilité d’y circuler pour avoir accès à leur garage ou à leur stationnement. Lorsque les projets d’aménagement de ruelles vertes comprennent des entraves à la circulation, les arrondissements demandent généralement aux citoyens et aux éco-quartiers d’obtenir l’autorisation de plus de 75 % des riverains ainsi que l’autorisation de chacun des riverains dont la propriété est directement touchée par la fermeture.

Rares sont les ruelles entièrement fermées à la circulation, mais on voit de plus en plus de ruelles dont certains tronçons sont fermés à la circulation. En fonction de la configuration de la ruelle, la fermeture de tronçons peut avoir un impact minime sur la circulation locale et avoir des effets très positifs sur la sécurité des piétons et des enfants et permettre un verdissement qui a un impact positif sur l’environnement.

Dans d’autres ruelles, les citoyens ne pourront pas restreindre la circulation automobile, mais mettront en place des mesures d’apaisement de la circulation qui sécuriseront les utilisateurs.

Qui doit porter et assumer la réalisation d’un projet de ruelle verte? 

En 2017, on retrouvait des ruelles vertes dans 12 des 19 arrondissements de Montréal. Parmi les arrondissements qui possèdent un processus d’implantation de ruelles vertes, on distingue trois types de démarches d’implantation différentes. Ces groupes se différencient par le partage des responsabilités entre les parties prenantes (citoyens, éco-quartiers, arrondissements, firmes spécialisées) et les budgets alloués par projets.

La gestion de l’implantation par l’éco-quartier 

Cette approche est appliquée dans les arrondissements de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, le Sud-Ouest, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont-La Petite-Patrie, Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, et, de manière légèrement différente, dans l’arrondissement de Ville-Marie.  En vertu de cette approche, l’arrondissement mandate l’éco-quartier pour la gestion du processus d’implantation des ruelles vertes. Les responsables de l’éco-quartier accompagnent les comités de citoyens dans leurs démarches afin qu’ils présentent un projet de ruelle verte conforme au processus défini par l’arrondissement. L’éco-quartier verra ensuite à coordonner les travaux et à pérenniser la mobilisation. Dans cette approche, l’arrondissement veille au respect du processus et valide chacune des étapes en effectuant les vérifications nécessaires et en émettant les autorisations.

La gestion de l’implantation par l’arrondissement 

Trois arrondissements de Montréal ont opté pour une approche différente pour la gestion du programme d’implantation des ruelles vertes, soit Le Plateau-Mont-Royal, Montréal-Nord et Verdun. Ici l’essentiel des tâches menant à la création des ruelles vertes est réalisé par l’arrondissement. Un fonctionnaire sera nommé comme principal responsable, par exemple des agents techniques relevant du développement durable, de l’urbanisme, de la voirie ou des travaux publics. De son côté, l’éco-quartier sera responsable d’informer la population de l’existence d’un programme de ruelles vertes dans l’arrondissement et d’en expliquer les bénéfices. Ensuite, il accompagnera les citoyens dans le processus de demande et de soumission du projet et lors de la phase des travaux. Une fois le projet complété, il animera des activités de sensibilisation dans les ruelles afin de contribuer à maintenir la mobilisation. L’éco-quartier peut aussi réaliser, au fil du temps, des projets de verdissement de plus petite envergure et des projets d’éducation relative à l’environnement.

La gestion de l’implantation multipartite  

Certains projets de ruelles vertes sont réalisés selon un modèle de gestion désigné sous l’appellation « multipartite ». Ce modèle se caractérise par des sources de financement supplémentaires et supérieures à celles normalement allouées aux projets de ruelles vertes par les arrondissements. L’autre particularité majeure de ce modèle est que l’arrondissement et/ou l’éco-quartier font appel aux services de firmes spécialisées pour la réalisation des plans et des travaux, généralement beaucoup plus complexes.

D’abord et avant tout, des citoyens mobilisés…

Le point commun à la majorité des projets de ruelles vertes est qu’ils émanent de l’initiative de citoyens mobilisés. Ce sont des projets de développement durable à échelle humaine, au sens où les citoyens seront appelés, par leur participation au processus démocratique de constitution d’une ruelle verte, à définir eux-mêmes les priorités et les actions à réaliser.

Pour en savoir plus, consultez les webdocumentaires de VUE DE RUELLE sur Youtube.