Actualités

Entrevue avec Fernand Dansereau

Fernand Dansereau débute à l’Office national du film (ONF) en 1955 et y exerce à peu près toutes les fonctions reliées au cinéma (réalisateur, scénariste, producteur…). Il a réalisé ou produit un nombre fort imposant de films. Pour la télévision, son nom est associé à de nombreux succès, notamment Le Parc des Braves, Les filles de Caleb et la série Caserne 24. 

Fernand Dansereau a reçu de nombreux prix : en 2005, le gouvernement du Québec lui remettait le prix Albert Tessier pour l’ensemble de sa carrière, en 2007, il a reçu le prix Hommage du Festival des films du monde et en 2009, il reçut le prix Jutra hommage.

Qu’est-ce qui vous a amené à réaliser un film sur l’érotisme et le vieil âge?

Comme le film le raconte au début, je voulais faire un film sur la vieillesse citoyenne. J’ai toujours voulu faire du cinéma pour répondre aux questions que la vie me pose. Rendu à mon âge (89 ans) il est normal que je m’intéresse aux vieilles personnes, et après avoir fait Le vieil âge et le rire, je voulais faire un film sur le rôle social et politique des personnes âgées. Mais je n’ai pas trouvé de diffuseur qui accepte l’idée. J’ai alors décidé de me tourner vers le sexe et là, cela a fonctionné. Je me suis ensuite rendu compte que je m’étais mis sur les épaules une grosse charge et qu’avec un tel sujet je me posais des questions très vastes et profondes.

Comment ont réagi les personnes que vous avez consultées?

Étonnamment, j’ai trouvé qu’au Québec le discours s’est grandement libéré à propos de la sexualité. Je m’attendais à trouver beaucoup de réticences et de silences, mais finalement ça n’a pas été l’expérience majoritaire. Il y a eu, bien sûr, quelques personnes qui se sont montrées réticentes, mais la plupart du temps les gens me répondaient avec une candeur qui me surprenait, avec beaucoup de générosité aussi. Souvent, pour ceux et celles qui se montraient réticents, on me disait que c’était par respect pour leur conjoint ou conjointe.

Vous qui avez entendu tous ces témoignages, quelle conclusion en tirez-vous?

Finalement, comme le film le démontre, je pense que je peux en tirer deux conclusions. La première, c’est que l’érotisme, ça nous suit tout au long de notre vie, sous différentes formes, et que c’est l’essence même de la vie. L’autre conclusion c’est que les pratiques amoureuses, les pratiques sexuelles sont beaucoup liées à l’amour finalement. Plus jeunes elles sont moins liées à l’amour, mais avec l’âge, c’est la relation à l’autre qui détermine la qualité de la sexualité.

De tous les témoignages entendus, en est-il un qui vous a le plus touché?

Non, ce n’est pas possible pour moi d’identifier l’un ou l’autre des témoignages parmi tous ceux et celles qui ont eu la générosité de se confier à moi, et aux téléspectateurs. J’ai un grand sentiment de reconnaissance envers ces gens-là.

Où les gens pourront-ils visionner votre film?

Il y a différents visionnements qui s’organisent. Plusieurs associations ou groupes ont demandé un visionnement. Avec les sollicitations qu’on reçoit, le film risque fort d’être vu encore durant quelques années. C’est ce qui est arrivé avec les films précédents.

Par ailleurs, le distributeur songe à mettre en vente un coffret incluant le film Le vieil âge et le rire ainsi que L’érotisme et le vieil âge, les gens pourront donc se les procurer.

Si vous regardez l’ensemble de vos productions, laquelle vous rend le plus fier?

Si je vous disais l’ensemble, je ne répondrais pas à votre question. Mais si je regarde ce que j’ai fait, ce que je vous dirais, c’est que le thème dominant de mes films c’est la relation à l’autre qui est au cœur de tout ça, et je suis très fier de ça.